Après ces premiers mois de travail, il était temps de faire un point d’étape à mi-parcours, ce pourquoi nous avons organisé, le 22 juin 2023, une journée d’échanges territoriale au Centre Expo Congrès de Mandelieu-La Napoule.
Pourquoi Mandelieu-La Napoule ? Parce que cette commune des Alpes-Maritimes a été durement touchée par deux inondations majeures récentes, en 2015 et 2019, et qu’elle est toujours en cours de reconstruction suite à ces évènements. Elle est aussi à proximité des vallées de l’arrière-pays niçois touchées par la tempête Alex en 2020.
INONDATION : ANTICIPONS POUR ÊTRE PRETS À RECONSTRUIRE DEMAIN !
10H00 – Accueil café
10h30 – Introduction de la journée et présentation de la démarche
11h00 – Préalables et premiers enseignements de l’atelier
12h00 – Pause déjeuner
13h30 – Table ronde
• Xavier Pelletier, Préfet chargé de la Reconstruction des Vallées Sinistrées des Alpes-Maritimes
• Jérôme Sauvant, Adjoint à la cheffe du Bureau des stratégies territoriales, DGALN
• Sébastien Leroy, Maire de Mandelieu-la-Napoule, Vice-Président de la Communauté d’Agglomération Cannes-Lérins, Co-président du groupe de travail sur la Gestion des Risques à l’AMF
• Sébastien Olharan, Maire de Breil-sur-Roya et Conseiller Départemental des Alpes-Maritimes
• Hélène Mathieu-Subias, Directrice technique du SMMAR dans l’Aude
15h00 – Synthèse, conclusions et perspectives
15h30 – Conférence de presse
Ci-dessous les planches réalisées par la facilitatrice graphique Clara Villar, cliquez sur les images pour les agrandir :
Production : Clara Villar
Ci-dessous les vidéos en replay ainsi qu’un résumé des deux parties de la journée :
Matin
Résumé de la première table ronde : Quels freins et quels leviers parmi les outils organisationnels, réglementaires et financiers mobilisés ?
La première table ronde a donné l’occasion de discuter des freins rencontrés par plusieurs acteurs à travers leur expérience de reconstruction et d’ébaucher des pistes de réflexions pour pallier ces freins.
Un des premiers freins mentionnés fut relatif au système législatif existant, en soulignant le caractère parfois contradictoire de certaines législations et réglementations. Il a été donné pour exemple l’opposition entre obligations de constructions de nouveaux logements sociaux et obligations de zéro artificialisation nette. Ces observations sur une réglementation démultipliée et sectorielle ont appelé le développement d’un pragmatisme nécessaire des législateurs pour faciliter le travail de reconstruction sur les territoires. Les discussions ont également abordé la possibilité d’introduire une législation de crise afin de donner un espace de flexibilité à la législation courante en temps de gestion de crise et sur le temps long de la reconstruction.
Un point d’attention a été accordé à la mise en place d’un travail multi-partenarial de collaboration entre les acteurs afin d’instaurer un espace de dialogue et une confiance dans les actions de chacun. Ce travail multi-partenarial a été présenté comme un paramètre important pour trouver des chemins communs au relèvement du territoire et permettre de redonner au cours d’eau ou à la rivière son espace dans le paysage. Dans l’Aude, par exemple, la DDTM, le SMMAR et les architectes ont travaillé main dans la main pour la reconstruction d’un pont à Villegailhenc de manière à créer des aménagements respectueux de la rivière. Cette collaboration, nécessaire entre les acteurs locaux présents sur les territoires, est également présentée comme indispensable entre les autorités locales, les services de l’Etat, les architectes-urbanistes et la population. Dans les Alpes-Maritimes, la collaboration avec les autorités locales a également permis de faire évoluer le dispositif Mieux Reconstruire Après les Inondations pour l’adapter aux crues torrentielles. Les échanges ont ainsi mis en valeur les besoins de dialogue, de coordination et d’adaptation du jeu d’acteurs dans le processus de reconstruction post-inondation.
La présence d’un pilote de la reconstruction, qui puisse accompagner le processus de reconstruction tout en permettant le respect de règles en vigueur, comme la nomination d’un préfet délégué à la reconstruction, a également été soulignée comme un levier notable. Cet accompagnement s’échelonne dans la reconstruction du territoire mais également dans sa projection sur le long terme. Les moyens humains mis en place sont donc un paramètre important qui conditionnent le relèvement du territoire. En effet, nombre de territoires soulignent les besoins en termes d’ingénierie de projet et de mise en œuvre au sein des collectivités et l’intérêt d’une collaboration avec des experts et architecte-urbanistes. Ces collaborations amènent notamment à repenser et adapter la morphologie et l’histoire du territoire en reconstruisant « avec l’eau » des espaces de bon fonctionnement.
Enfin, outre les moyens humains, les expériences passées ont permis de souligner l’importance des moyens financiers. Les discussions ont notamment porté sur les temporalités d’attribution, en pointant l’incapacité des communes à avancer des fonds avant réception des subventions. Des propositions de systèmes de prêt relais à taux zéro ont ainsi été émises pour pallier cette contrainte. Il a été souligné que les moyens financiers sont nécessaires aux différentes temporalités de l’événement, aussi bien par la mise en place d’une trésorerie de crise que par le financement sur le long terme pour accompagner un retour à la normale dans le fonctionnement des territoires.
Après-midi
Résumé de la deuxième table ronde : Quelles évolutions à proposer et quelles pratiques reproduire pour anticiper et faciliter la reconstruction ? Comment reconstruire pour anticiper les dommages de demain ?
L’anticipation passe par la réappropriation du territoire, de son paysage et de ses enjeux. Ainsi, le cours d’eau est un atout du territoire qui se doit d’être réintégrer à la ville. Il est donc suggéré de laisser sa place au cours d’eau et d’adapter l’aménagement de manière à limiter les impacts du comportement naturel du cours d’eau. Cet aménagement pourrait par exemple se traduire par la délimitation, avec les acteurs du territoire, de zones qui permettraient de ralentir les vitesses d’écoulement et de dissiper l’énergie de cours d’eau en amont de la ville.
Cette place redonnée au cours d’eau est également exposée comme un moteur de transformation de la ville et de réintégration de la nature en milieu urbain, un effort qui est en cours à Mandelieu-la-Napoule par exemple à travers la désartificialisation de certains sols. L’adaptation du territoire est présentée comme un élément de protection de la ville. L’objet de telles transformations permettraient ainsi de faire une ville dans la nature qui pourrait assurer la protection des biens et des personnes face à de futurs événements et développer la culture du risque parmi la population. Cependant, il est souligné que de telles transformations demandent aujourd’hui d’importants moyens financiers et une adaptation du système réglementaire vers plus de flexibilité.
Ces propositions rejoignent ainsi les démarches de reconstruction résiliente qui s’organisent autour d’une nouvelle gouvernance. La coopération et la collaboration sont nécessaires entre le préfet et le maire afin d’apporter un soutien logistique aux collectivités mais l’intégration de la population est également un paramètre indispensable. Cette intégration est présentée à travers l’acculturation de la population au risque et l’association des habitants aux projets de réédification et régénération de la ville. En effet, la sensibilisation des populations dans les étapes de projet et l’ouverture des champs de réflexion aux habitants, acteurs économiques et associations est mis en avant. Les stratégies de projection du territoire sont aujourd’hui inscrites dans la durabilité et permettent de regénérer le territoire en donnant la parole à la population afin qu’elle s’approprie le devenir de son territoire.
Pour cause de problèmes techniques rencontrés lors de l’enregistrement, vous trouverez ci-dessous le power point de la présentation du 22 juin.